Retrouver du sens…

Ah voilà un thème qui vous parle ?
Le premier confinement a laissé des traces. Ces premiers mois d’arrêt brutal, d’isolement pour certains, nos retours dans nos sweet home, ont laissé un goût de réflexion autour du sens de nos métiers.
Quasiment 2 ans après, certains ont quitté Paris, d’autres leur job et beaucoup sont en recherche d’une vie où ils pourraient exploiter au mieux leurs compétences en se sentant utiles.
Se sentir utile, serait-ce le nouveau graal au sein des entreprises ? C’est en tous les cas, le premier facteur d’engagement en entreprise des jeunes de moins de 35 ans.

Mais tout cela n’est pas si récent si nous étudions les théories sur la motivation.

Par exemple dans la théorie de l’auto-détermination (Decy et Ryan – 1980) on distingue 3 types de motivation :
L’amotivation (le mot parle de lui-même)
La motivation extrinsèque (extrinsèque car qui nous est donnée par des sources externes : salaire, statut social, reconnaissance, célébrité, bonnes notes…)
La motivation intrinsèque qui nous est donnée par nous-même selon notre plaisir propre.

Nous apprenons que le piège dans lequel nous sombrons facilement est que les sources de motivation extrinsèque sont plus attrayantes que celles de la motivation intrinsèque.

Tout d’abord parce qu’elles ne nous demandent pas d’effort à nous mais aux autres et aussi parce que ce sont elles qui sont socialement reconnues : Un titre sur LinkedIn, un salaire supérieur à nos besoins essentiels, la reconnaissance d’un réseau…
Les sources de motivation intrinsèque, elles, sont beaucoup plus discrètes : l’apprentissage (notre développement technique pour accéder à une certaine maitrise), l’autonomie dont on dispose dans l’exercice de nos fonctions et le sens que l’on porte à notre activité.

Mais ce sont ces sources-là qui permettent de rallumer les étoiles dans nos yeux quand la lumière fait défaut et surtout, ce sont ces sources-là qui ne dépendent que de nous. Ce sont avec ces pépites que l’on gagne en liberté car nous avons le pouvoir de les activer par nous même sans (ou presque sans), l’aide des autres.

Les études menées montrent que lorsque nous sommes intrinsèquement motivés pour accomplir une tâche, si on nous offre une récompense, nous perdons cette motivation intrinsèque et nous focalisons notre attention sur les sources externes de motivation. Devenant ainsi dépendants d’autrui.

Une expérience menée par les chercheurs et une anecdote pour illustrer mes propos…

Dans une classe maternelle, l’activité principale des enfants est le dessin. C’est une activité qui les motive intrinsèquement. Ils sont en général concentrés sur leur feuille pour produire leur œuvre.
Des chercheurs ont réparti une classe en trois groupes lors d’une activité de dessin.
Au premier groupe, ils ont promis des cadeaux à la fin de leur dessin et leur ont montré à quels cadeaux ils auraient droit.
Au second groupe, ils n’ont offert des récompenses qu’une fois l’activité terminée. Les enfants n’avaient pas été prévenus en amont.
Le troisième groupe a dessiné sans se voir attribuer de récompenses à l’issue de l’activité.
Quelques semaines plus tard, les chercheurs sont revenus voir l’impact de l’expérience.
Lorsque la maitresse a démarré une activité de dessin, les chercheurs ont pu constater que seuls les enfants des groupes 2 et 3 prenaient du plaisir à dessiner…les autres, n’ayant pas de récompense prévue, ont abandonné rapidement leur activité.

Les chercheurs au travers de multiples expériences ont ainsi démontré que lorsque nous sommes « rémunérés » (sous quelque forme que ce soit) pour réaliser une activité, nous avons alors tendance à assimiler cette activité à une tâche ennuyeuse, puisqu’il faut nous rémunérer pour qu’on la fasse.
Ils rajoutent qu’il vaut mieux avoir la surprise d’une rémunération…toutefois lorsque celle-ci est trop répétée, le phénomène est le même.

Papy Gary avait bien saisi l’affaire il y a 40 ans aux Etats-Unis. Dans le bas de son jardin, il y avait une clôture faite de piquets de fer forgé. Sa maison était située à la sortie d’une école primaire. Un soir, un enfant passe le long de la clôture et avec un bâton tape chaque piquet en courant histoire de faire un peu de bruit…Gary sort de sa maison et enguirlande le jeune garçon…ce dernier se met à courir et se sauve.
Le lendemain, le jeune homme est de retour et Gary ressort mécontent.
Le troisième jour, le jeune homme commence à taper sur chaque poteau avec son bâton et il est surpris par Gary qui l’attend au bout de la clôture pour lui donner 1 cent !
Tout content, ce n’est pas un, mais deux jeunes écoliers qui se pointent le jour d’après et Gary donne gentiment 1 cent à chaque enfant.
4ème jour, 5ème jour, plusieurs enfants sont présents pour taper sur la barrière et être « rémunérés » par Gary.
Le 6ème jour, Gary n’est plus là…il observe discrètement la scène de loin. Les enfants s’en vont déçus. 7ème jour idem.
Les jours d’après, les enfants ne sont plus revenus…Gary avait transformé leur motivation intrinsèque en motivation extrinsèque… 😉

On ne le criera pas sur tous les toits mais entre vous et moi…regardez l’effet des bonus annuels. Combien de temps dure votre motivation après avoir reçu votre bonus ?

Alors si vous avez envie de rallumez les étoiles, allez chercher vos sources de motivation intrinsèques en vous posant les questions suivantes :
Qu’est ce que j’ai envie d’apprendre cette année ?
Sur quoi je vais gagner en autonomie ?
Quel sens puis-je donner à mon activité ?

Et si vous êtes manager, n’hésitez pas à questionner votre équipe sur leurs sources de motivation intrinsèque lors des entretiens en one to one…l’engagement de cette dernière pourrait être décuplé !