En coaching, mon enjeu à moi c’est d’accepter la peur du client sans chercher à le rassurer. Le rassurer ne lui permet pas de traverser cette expérience qui va lui permettre d’en sortir grandi. Accepter une sorte d’inutilité apparente pour laisser le client cheminer et reconstruire une réalité différente. Accepter de traverser avec mon client ces moments inconfortables qui font partie du processus de changement. 

La peur est présente quand on anticipe le futur par rapport au présent et aux données du passé…C’est aussi selon une théorie constructiviste, une appréhension de l’expérience de notre réalité, celle que l’on a construite. Nous sommes comme des scientifiques intuitifs, nous rangeons des données sur notre réalité et créons des interprétations sur notre environnement. Ces interprétations nous aident à créer notre propre monde et à l’utiliser comme base pour les interprétations suivantes.
C’est bien en cela que l’on ne comprend pas la peur des autres quand nous avons construit une réalité différente.
 
La peur la plus récurrente en coaching est la peur de l’échec.
François se définit comme perfectionniste. Il porte attention à tous les détails de son travail et à celui de son équipe pour être certain de ne pas laisser passer d’erreurs. Lors de la réunion tripartite de lancement du coaching, son supérieur hiérarchique exprime toute la reconnaissance que lui même et l’entreprise lui portent : c’est un expert, un excellent professionnel. Sans le vouloir, il confirme François dans sa construction de sa réalité : s’il ne contrôlait pas autant ses livrables, il n’aurait pas atteint le niveau qu’il a atteint aujourd’hui à 40 ans.
 
Quel est le mode de fonctionnement de François? En contrôlant les détails, il se conforte dans l’idée que c’est comme cela qu’on obtient des bons résultats et il va donc continuer à contrôler de plus en plus d’actions dans des domaines de plus en plus variés pour, de façon inconsciente, confirmer sa croyance qu’il faut être extrêmement prévoyant et rigoureux pour faire du bon travail.
 
En quoi est-ce un problème? Ca devient un problème chez François quand au bout de 5 ans de management, il souhaite accéder à un poste supérieur. Pour prendre plus de responsabilités, il doit consacrer du temps à davantage de projets stratégiques et transversaux dans l’entreprise. Il est alors confronté à deux problématiques : il dit qu’il n’a pas assez de temps pour développer les projets stratégiques et il a du mal avec ses pairs quand il réalise que certains détails sur les projets transversaux ne sont pas étudiés en amont.
 
Et le lien avec la peur de l’échec?
Pour ne pas faillir, François utilise son temps à vérifier le travail. Sachant qu’on peut compter sur lui pour ne pas laisser passer d’erreurs, les équipes ne sont plus autant attentives à la qualité de leur rendu : de toutes les façons François relira. François passe donc de plus en plus de temps sur les dossiers.
Par ailleurs, convaincu que tout le monde devrait avoir ce niveau de perfection, François voit ses relations avec ses pairs se dégrader quand il constate qu’ils n’ont pas les mêmes préoccupations.
 
Pour avancer, François a du « affronter » sa peur de l’échec au travers de mises en situations réparties tout au long de son coaching. 
Cartésien par excellence, il a vite compris le cercle vicieux dans lequel il était…plus de contrôle entraine le besoin constant de se rassurer en continuant à anticiper, contrôler, vérifier. Ce qui lui prend de plus en plus de temps et qui l’handicape de plus en plus dans son travail en équipe et son développement.
Mais « qu’il est difficile de changer de comportement quand on a mis en place tout un tas de perceptions qui nous laissent penser que faire autrement est risqué! » me dira-t-il au cours d’une séance.
 
Les premières séances de coaching ont été un premier exercice : accepter d’arriver en séance sans préparation, sans ordre du jour, sans notes…en laissant émerger ce qui devait émerger, faire confiance au processus et apprécier la puissance d’un moment uniquement construit sur l’instant présent. Il a ensuite accepté de se rendre à quelques réunions, celles avec le moins d’enjeu au départ, sans reprendre l’intégralité des comptes rendus du projet. Faire confiance au collectif, oser poser des questions de néophyte et accepter que ce qui se passe est ce qui doit se passer.
 
Peu à peu, François a changé sa Perception, son Emotion, ses Actions, sa Relation à autrui et sa Leçon de vie (si tu ne contrôles pas, tu ne réussiras pas).
De lui, ses pairs disent qu’il a « pris du recul », qu’il est plus « aimable et plus cool ». Ses collaborateurs le trouvent plus présent « dans la relation » quand avant il était présent « dans l’action ».

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